C'est parti !
Vient le temps de l'université...
Marc Laferrière "monte" à Paris pour suivre des études de droit
(une tradition familiale bien établie).
On pourrait dire de n'importe qui d'autre : "faire de la musique
ne lui fait pas oublier ses études". Pour Marc, c'est un peu le
contraire : il étudie sérieusement mais n'oublie pas le jazz pour autant.

Il fait ainsi la connaissance de bon nombre de musiciens de sa
génération, dont Stéphane Guérault, qui joue de la clarinette
dans l'orchestre des Dixie Cats de Richard Bennet (notons
au passage que le bassiste des Dixie Cats n'est autre qu'un
jeune italien du nom de Nino Ferrer).

Il n'a pas de mal à hanter les clubs de jazz du quartier latin et de Saint-Germain des Près de l'époque,
il y en a partout : les Trois Mailletz... le Riverside, où défilent des musiciens venus d'outre Atlantique
comme Albert Nicholas, Sidney Bechet ou le jeune Chet Baker... le Bidule... le Kentucky... le
quasi-mythique Caveau de la Huchette... le Blue Note... le Tabou, cher à Boris Vian et qui verra
débuter Juliette Gréco... le Vieux Colombier, autre fief de Sidney Bechet... et combien d'autres !
De cette myriade de clubs créés souvent de bric et de broc
dans l'euphorie de l'immédiat après-guerre (disposer d'une
cave était une condition largement suffisante pour qu'en naisse
l'idée), certains vivront ce que vivent les roses, comme le
légendaire Lorientais où débuta Claude Luter.
D'autres ne leur survivront guère, peu à peu vaincus par la
mise en place d'une législation implacable, assommés par des
frais d'exploitation de plus en plus lourds, étranglés par la
multiplication de taxes à la progression exponentielle, broyés
par une entreprise froidement concertée de sabotage culturel
sur laquelle il n'est pas utile de revenir puisqu'elle se poursuit
de nos jours.
Peu de clubs de cette époque héroïque
existent encore aujourd'hui, la palme de
la célébrité allant sans conteste au Caveau
de la Huchette
dont l'une des gloires - et
non la moindre - est d'avoir pu ouvrir ses
portes tous les soirs sans exception
depuis le jour de sa réouverture d'après-
guerre, y compris pendant les évènements
de mai soixante-huit !
Mais où avons nous laissé Marc Laferrière ?...

Ah ! il est là, au club Le Bidule, où il a ses habitudes, et où il vient d'entrer dans l'orchestre
de Michel Cathebras. À noter que le tromboniste de cette formation, Marc Bernardin,
outre qu'il est le frère du fondateur du célèbrissime Crazy Horse Saloon, créera bien plus
tard à Lisses l'Espace Léonard de Vinci dont fait partie le Club Maxim Saury.

Cependant, le statut de simple instrumentiste lui
pèse. Est-il remercié par Cathebras ? quitte-t-il la
formation de sa propre initiative ?... peu importe.
Toujours est-il qu'il monte rapidement son propre
orchestre, les New Orleans Feetwarmers, dont
font partie quelques petits poissons qui deviendront
grands, tels Bernard Dorat, Poumy Arnaud ou
François Guin.
Les rapports d'amitié entre Marc Laferrière et les musiciens de ses
débuts ne se sont pas affaiblis avec le temps, comme le montre cette
photo récente où l'on reconnait François Guin en petite tenue et où
les deux ex-New Orleans Feetwarmers ne semblent pas s'ennuyer
outre mesure.
Les Feetwarmers alternent de temps en temps avec l'orchestre de Maxim Saury à la
Huchette
. Prestigieux tremplin pour une nouvelle formation quand on sait l'extraordinaire
succès populaire que rencontre alors la série de disques "Maxim Saury au Caveau de
la Huchette
" !
Mais un évènement se prépare rive droite, du côté de la rue de Rivoli,
qui va se révéler prépondérant pour la carrière de Marc Laferrière.
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